A l’heure où de nombreux étudiants du Master de l’enseignement effectuent leurs stages et attendent avec impatience les dates du concours en juin, interviewer une jeune professeur enthousiaste nous a semblé particulièrement intéressant pour répondre aux doutes les plus courants des futurs professeurs.
Loin de cacher les difficultés encourues lors de ses premières années d’enseignement mais tout en sachant valoriser les progrès accomplis de manière enthousiaste, Elodie Enamorado, jeune professeur d’espagnol au Lycée Professionnel Riess de Mazamet dans le Tarn, ayant connu plusieurs collèges de la banlieue parisienne (Savigny-sur-Orge, Grigny…) avant de revenir sur ses terres natales, a accepté de partager de bons conseils avec les futurs professeurs que vous êtes peut-être !
Lorsqu’on lui demande de se présenter Elodie Enamorado évoque d’abord son sport de prédilection (le handball) et sa foi qui lui permettent selon elle de s’épanouir et de faire le vide en dehors de sa vie professionnelle. Cette jeune professeur d’espagnol enchaîne ensuite sur son métier dans lequel elle a connu des hauts et des bas.
Ana Rodriguez: Notre interview s’adresse aux futurs jeunes professeurs, pouvez-vous nous nous parler de vos deux premières années en tant que professeur de collège ?
Elodie Enamorado: Les deux premières années furent riches en stress. Tout d’un coup, j’ai eu de nombreuses responsabilités alors que je n’y étais pas préparée. J’étais face à l’inconnu, tout était non maîtrisé. J’ai tenté beaucoup de choses positives ou négatives qui m’ont aidé à progresser et maintenant j’ai appris de mes erreurs.
Vous nous avez parlé de pratiques positives et négatives, pouvez-vous nous donner quelques détails sur ces pratiques ?
E.E: Par pratiques positives, j’entends la pédagogie différenciée, le fait d’établir des discussions avec les élèves, de varier les supports de travail, de trouver des moyens pour mettre tous les élèves au travail. C’est important car cela est directement lié au comportement des élèves. Un élève qui n’est pas occupé est un élève qui sera perdu et perturbera la classe. Il est donc très important de poser la consigne simplement et clairement pour qu’il y ait une ambiance de travail concentrée avec des objectifs eux-aussi clairs et simples. Il faut bien annoncer à l’avance l'objectif du cours pour que les élèves sachent où on veut les mener.
Par pratiques négatives, j’entendais le fait de s’approprier des paroles qui n’étaient pas les miennes, le fait de vouloir calquer le comportement d’un autre professeur, son langage, sa façon de sanctionner alors que cela ne me convenait pas. Chacun doit avoir ses propres ficelles. Chaque personne a une méthode qui lui correspond.
La première année a été très difficile, j’étais confrontée à des situations inconnues, je ne savais pas ce qu’il fallait tolérer ou pas. J’étais aussi trop axée sur la mise en forme de mes cours (comment formuler mes activités) plutôt que sur la réalisation de la tâche par l’élève. J’étais trop détachée des élèves, de leurs goûts, de leurs besoins et de leurs priorités. Je ne donnais pas les bons outils pour qu’ils réalisent les activités.
Une question que beaucoup de jeunes stagiaires se posent…comment arriver à imposer son autorité en classe ? Est-ce une question de caractère ou faut-il adopter une stratégie spécifique?
E.E: Pour moi imposer son autorité, c’est faire adhérer les élèves au travail, ni par la force, ni par la colère. Il ne s’agit ni d’une lutte de caractère ni d'une lutte de personnalité. Je n’avais pas compris cela au début. Je voulais avoir le pouvoir sur les élèves, tout maitriser, qu’ils fassent ce que je voulais. Maintenant j’y arrive, je n’impose pas le travail, je les fait adhérer à mon travail et c’est comme cela que je maintiens l’autorité.
Vous avez déjà précédemment évoqué quelques pistes mais pouvez-vous nous en dire d’avantage sur la stratégie à mettre en œuvre pour que vos élèves adhèrent à votre travail ?
E.E: D’abord, comme je le disais tout à l’heure, il faut annoncer l’objectif. Pour cela l’idée de projet final est très bien. Il faut que les objectifs et les consignes soient clairs et simples. Ensuite, je m’intéresse aux centres d’intérêt de mes élèves et n’hésite pas à aborder des thèmes comme la drogue et l’alcool. Bien sûr, j’inclus le contexte culturel qui concerne ma matière. Il faut aussi varier les supports. J’utilise beaucoup la vidéo et le tableau blanc interactif par exemple. Enfin, j’essaye de donner accès au travail à tous les élèves en créant des niveaux différents. Dans une classe, il faut à la fois des choses très simples (association image/mots, repérage de mots etc.) et des choses plus difficiles (les élèves qui n’ont pas de difficultés particulières travailleront plus en profondeur sur le texte). Tout le monde doit pouvoir s’y retrouver. Sur une activité de 10 minutes, personne ne doit décrocher. Il faut qu’ils adhèrent. Si on ne veut pas qu’ils sortent du cadre, il faut créer un cadre pour chacun.
Quels sont les cours qui plaisent le moins aux élèves ?
E.E: Les cours qui plaisent le moins sont ceux où l’on ne demande pas l’avis des élèves, ceux où ils n’ont pas l’occasion de s’exprimer à l’oral. Les cours qui ne plaisent pas sont aussi les cours où l'on choisit un document qu'on n'apprécie pas. Il faut que le document vous plaise sinon ça ne marche pas, c’est un constat fatal.
Aussi, il ne faut pas hésiter à sortir des manuels et chercher des informations dans d’autres livres ou des documents internet qui nous ont plu. Sur le thème « femmes et démocratie », j’ai par exemple réutilisé un texte que j’avais étudié à l’Université. Il faut aussi s’inspirer des faits d’actualités. C’est simple, quand j’apprends des choses, j’ai envie de les transmettre et de les partager avec mes élèves. Quand on n’apprend rien, c’est le contraire.
Si vous aviez 5 conseils à donner aux futurs professeurs qui passent actuellement le concours…
E.E:
1. Prendre en compte les individualités des élèves et proposer des activités accessibles à tous.
2. S’autoriser à sortir des manuels.
3. Varier les supports.
4. S’autoriser à sourire en classe.
5. Partager ses expériences, et participer à des formations pour ne pas rester isolé.
Loin de cacher les difficultés encourues lors de ses premières années d’enseignement mais tout en sachant valoriser les progrès accomplis de manière enthousiaste, Elodie Enamorado, jeune professeur d’espagnol au Lycée Professionnel Riess de Mazamet dans le Tarn, ayant connu plusieurs collèges de la banlieue parisienne (Savigny-sur-Orge, Grigny…) avant de revenir sur ses terres natales, a accepté de partager de bons conseils avec les futurs professeurs que vous êtes peut-être !
Lorsqu’on lui demande de se présenter Elodie Enamorado évoque d’abord son sport de prédilection (le handball) et sa foi qui lui permettent selon elle de s’épanouir et de faire le vide en dehors de sa vie professionnelle. Cette jeune professeur d’espagnol enchaîne ensuite sur son métier dans lequel elle a connu des hauts et des bas.
Ana Rodriguez: Notre interview s’adresse aux futurs jeunes professeurs, pouvez-vous nous nous parler de vos deux premières années en tant que professeur de collège ?
Elodie Enamorado: Les deux premières années furent riches en stress. Tout d’un coup, j’ai eu de nombreuses responsabilités alors que je n’y étais pas préparée. J’étais face à l’inconnu, tout était non maîtrisé. J’ai tenté beaucoup de choses positives ou négatives qui m’ont aidé à progresser et maintenant j’ai appris de mes erreurs.
Vous nous avez parlé de pratiques positives et négatives, pouvez-vous nous donner quelques détails sur ces pratiques ?
E.E: Par pratiques positives, j’entends la pédagogie différenciée, le fait d’établir des discussions avec les élèves, de varier les supports de travail, de trouver des moyens pour mettre tous les élèves au travail. C’est important car cela est directement lié au comportement des élèves. Un élève qui n’est pas occupé est un élève qui sera perdu et perturbera la classe. Il est donc très important de poser la consigne simplement et clairement pour qu’il y ait une ambiance de travail concentrée avec des objectifs eux-aussi clairs et simples. Il faut bien annoncer à l’avance l'objectif du cours pour que les élèves sachent où on veut les mener.
Par pratiques négatives, j’entendais le fait de s’approprier des paroles qui n’étaient pas les miennes, le fait de vouloir calquer le comportement d’un autre professeur, son langage, sa façon de sanctionner alors que cela ne me convenait pas. Chacun doit avoir ses propres ficelles. Chaque personne a une méthode qui lui correspond.
La première année a été très difficile, j’étais confrontée à des situations inconnues, je ne savais pas ce qu’il fallait tolérer ou pas. J’étais aussi trop axée sur la mise en forme de mes cours (comment formuler mes activités) plutôt que sur la réalisation de la tâche par l’élève. J’étais trop détachée des élèves, de leurs goûts, de leurs besoins et de leurs priorités. Je ne donnais pas les bons outils pour qu’ils réalisent les activités.
Une question que beaucoup de jeunes stagiaires se posent…comment arriver à imposer son autorité en classe ? Est-ce une question de caractère ou faut-il adopter une stratégie spécifique?
E.E: Pour moi imposer son autorité, c’est faire adhérer les élèves au travail, ni par la force, ni par la colère. Il ne s’agit ni d’une lutte de caractère ni d'une lutte de personnalité. Je n’avais pas compris cela au début. Je voulais avoir le pouvoir sur les élèves, tout maitriser, qu’ils fassent ce que je voulais. Maintenant j’y arrive, je n’impose pas le travail, je les fait adhérer à mon travail et c’est comme cela que je maintiens l’autorité.
Vous avez déjà précédemment évoqué quelques pistes mais pouvez-vous nous en dire d’avantage sur la stratégie à mettre en œuvre pour que vos élèves adhèrent à votre travail ?
E.E: D’abord, comme je le disais tout à l’heure, il faut annoncer l’objectif. Pour cela l’idée de projet final est très bien. Il faut que les objectifs et les consignes soient clairs et simples. Ensuite, je m’intéresse aux centres d’intérêt de mes élèves et n’hésite pas à aborder des thèmes comme la drogue et l’alcool. Bien sûr, j’inclus le contexte culturel qui concerne ma matière. Il faut aussi varier les supports. J’utilise beaucoup la vidéo et le tableau blanc interactif par exemple. Enfin, j’essaye de donner accès au travail à tous les élèves en créant des niveaux différents. Dans une classe, il faut à la fois des choses très simples (association image/mots, repérage de mots etc.) et des choses plus difficiles (les élèves qui n’ont pas de difficultés particulières travailleront plus en profondeur sur le texte). Tout le monde doit pouvoir s’y retrouver. Sur une activité de 10 minutes, personne ne doit décrocher. Il faut qu’ils adhèrent. Si on ne veut pas qu’ils sortent du cadre, il faut créer un cadre pour chacun.
Quels sont les cours qui plaisent le moins aux élèves ?
E.E: Les cours qui plaisent le moins sont ceux où l’on ne demande pas l’avis des élèves, ceux où ils n’ont pas l’occasion de s’exprimer à l’oral. Les cours qui ne plaisent pas sont aussi les cours où l'on choisit un document qu'on n'apprécie pas. Il faut que le document vous plaise sinon ça ne marche pas, c’est un constat fatal.
Aussi, il ne faut pas hésiter à sortir des manuels et chercher des informations dans d’autres livres ou des documents internet qui nous ont plu. Sur le thème « femmes et démocratie », j’ai par exemple réutilisé un texte que j’avais étudié à l’Université. Il faut aussi s’inspirer des faits d’actualités. C’est simple, quand j’apprends des choses, j’ai envie de les transmettre et de les partager avec mes élèves. Quand on n’apprend rien, c’est le contraire.
Si vous aviez 5 conseils à donner aux futurs professeurs qui passent actuellement le concours…
E.E:
1. Prendre en compte les individualités des élèves et proposer des activités accessibles à tous.
2. S’autoriser à sortir des manuels.
3. Varier les supports.
4. S’autoriser à sourire en classe.
5. Partager ses expériences, et participer à des formations pour ne pas rester isolé.